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QUELQUES MINUTES APRES MINUIT-Le géant de bois

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Connor (Lewis MacDougall) est un jeune garçon dont la vie n’est pas très gaie. Sa mère (Felicity Jones) est atteinte d’un cancer en phase terminale et il se fait harceler à l’école. De son imagination, va surgir un monstre qui va l’aider.

Juan Antonio Bayona revient, neuf ans après L’Orphelinat, au film fantastique. Il choisit cette fois d’illustrer l’adaptation filmique d’un célèbre roman de Patrick Ness, A Monster Calls, dont l’auteur signe lui-même le scénario. Cette histoire d’un enfant perturbé qui se crée un « ami » imaginaire, a visiblement plus qu’inspiré le réalisateur espagnol. C’est simple, sur le plan visuel, le film est une vraie réussite. Déjà, le monstre, auquel Liam Neeson prête sa voix chaude et caverneuse (il faut voir le film en VO!), est magnifique. Entièrement numérique, il impressionne. Ce monstre est en fait l’arbre principal du cimetière de la ville où habite Connor. Les séquences où il prend vie et se met en marche sont incroyables (ah, le reflet dans la flaque d’eau…). D’autant que la créature est formidablement bien intégrée aux décors du film, en intérieur ou en extérieur. Et Bayona utilise des artifices astucieux pour « ritualiser » ses apparitions (les objets qui se déplacent comme attirés à la manière d’aimants par le monstre). Bayona réussit des plans incroyables à ce niveau. Tout cela est de très bon augure pour le Jurassic World 2 qu’il a accepté de réaliser.

Tout le film bénéficie d’une réalisation parfaite. Bayona a quasiment une idée par plan, même sur les scènes intimistes. Impossible d’oublier la façon dont il isole constamment son jeune héros dans le cadre, les regards que lui jette son bourreau scolaire, l’utilisation pertinente des reflets (on pense à Spielberg). Il faut aussi revenir au monstre dont les apparitions soulignent les états d’âme du personnage (scène de la bibliothèque scolaire) et à sa présence à l’arrière-plan ou sur le bord du cadre. La scène du cauchemar au cimetière est aussi spectaculaire à souhait. Soulignons aussi la présence de scènes d’animation joliment désuètes pour illustrer les histoires que le monstre raconte à Connor et qui bénéficie aussi d’un style de réalisation parfait.  Toute la mise en scène de Bayona est éblouissante. Trop peut-être au regard de ce le film raconte…

Car la belle mécanique finit par tourner à vide et le film par manquer d’émotion. Le monstre n’existe que dans la tête de Connor. C’est en fait son subconscient qui le taraude. Et là, l’ennui et la lourdeur s’invitent dans le film. Les histoires du monstre, ses dialogues avec Connor, tout cela aboutit à des leçons de morale vite redondantes et pénibles: accepter la mort, ne pas juger les gens trop vite, ne pas faire de bêtises pour exister au yeux des autres…Les coutures du script sont grosses, chaque effet semble être surligné. On finit par rester extérieur au film et a ne plus avoir d’empathie pour Connor. Le film s’achemine, sur un rythme assez lent, vers une scène finale lacrymale, déjà vue, clichée et dont on se doutait qu’elle arriverait. Certains personnages secondaires sont trop vite expédiés comme la petite brute du collège ou le père de Connor, qui se cache derrière de fausses excuses pour ne pas le recueillir ( en plus, son fils est d’accord pour le rejoindre, où est le problème?). Seule la grand-mère, incarnée par Sigourney Weaver, suscite l’intérêt. A Monster Calls finit par devenir l’exemple typique du film fantastique qui se croit plus intelligent que le genre qu’il illustre. C’est une leçon de vie, ma bonne dame, un récit initiatique psychologique où il y a peu de place pour le merveilleux, les aventures extraordinaires ou même une réflexion plus pertinente que le sermon qu’on nous sert ici. A ce niveau, un film comme Le Labyrinthe De Pan est beaucoup plus subtil, abouti et habité. La magie n’opère pas à 100%. Dommage.

Note: 2,5/5

A Monster Calls, de Juan Antonio Bayona, avec Lewis MacDougall, Sigourney Weaver, Felicity Jones et Liam Neeson, en salles depuis le 4 janvier.

 


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